Saint-Denis City Blues
A Dionysian testimony
Il s'agit de collecter des sons et des témoignages à Saint-Denis. Il s'agit de faire jouer ces sons et récits à un
musicien expérimenté. Il s'agit de faire deux ou trois présentations. Il s'agit de rendre collectifs des sons et
des avoues anonymes. Il s'agit de les exposer. Il s'agit de déchifrer la couleur de l'harmonie d'une ville.
La terre tourne silencieusement à droite
La Corée du nord veut aussi s’approprier ciel. L'Iran ne veut plus fournir de pétrole à l'Occident. Le pape
fait une tournée internationale qui coûte cher et on ne sait guère pourquoi. La terre tremble de colère. Le
Mexique se rend compte que son nombril est sale et puant. Et la crise, la crise, ce fantôme qui refuse de
partir pour l’au-delà. Franco semble manquer à l
'Espagne qui lui invoque à base de réformes facho-
démodées, de clins d’œil à l'ancienne dictature. La France, elle, la France... pff. Vous en savez plus que
nous à ce sujet
On le sait: la terre tourne à droite. Au moins vue depuis le soleil.
Toutefois, depuis la perspective de l
'étoile polaire, la terre tourne dans le sens contraire des aiguilles d'une
montre, à gauche quoi.
Tout est question de perspective. Toi, lui, elle, nous, on est tous des perspectives.
-Harmonie à trois sous d'une ville-
Il est dit que l'atmosphère est polluée par des substances cochonnes. Pourtant, il ne faut pas être si
pessimiste, il y a encore plus de choses contre lesquelles s'insurger. La pollution sonore est, par exemple,
«la première source de plaintes et l'une des premières sources de confits, au travail, entre voisins, entre
collectivités et usagers», d'après Wiki. Nous soupçonnons que le bruit est aussi responsable de l'infation, du
long hiver et de la rotation de la terre. D'un autre côté, au niveau micro, les sons d'une ville sont, si on les
isole, de beaux bijoux : parfois les chansons d'une mère à son nourrisson, parfois les gueulements des prix
du marché, parfois le bruit d'un réacteur nucléaire. Ces sons sont uniques, éphémères, ne seront entendus
qu'une fois, et tous ensemble forment une harmonie infnie qui s'étale progressivement à travers le temps et
l'espace, tel que l'univers le fait lui-même. Dommage d'être né à l'époque où aucun ministère n'existe pour
s'intéresser à ce beau phénomène.
Bien évidement, pour le citadin coincé dans la dynamique dodo-métro-boulot-vice-versa, c'est très
difcile de se prendre un peu de temps pour se réjouir du cri d'un gamin dans le transport public. Les
klaxonements endiablés, les bouts de conversations énervantes, les cloches ponctuelles, tous ces bruits
forment une fanfare tonitruante qui reste imperceptible pour l'oreille pas initiée. Ceci est un cadavre exquis
sonore qu'il faut condenser, décanter, déchifrer. Ceci est un phénomène que nous désirons enregistrer et
faire partager aux locaux les plus postmodernes. Ceci deviendra l'harmonie de la ville. Ou pas. Peut-être
qu'elle deviendra le pire bâtard de la cacophonie. Pourtant, la valeur de l'expérience mérite l'efort.
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